14 février 2023
Dax : un accueil de jour temporaire va ouvrir
Pour permettre aux personnes en situation de grande précarité de disposer d’un lieu de repos et d’écoute, la préfecture des Landes a annoncé ce lundi l’ouverture d’un accueil de jour temporaire, géré par la Croix-Rouge et le Secours catholique.
À Dax, l’accueil en journée des personnes confrontées à des situations de grande précarité pose problème de manière chronique. En 2020, l’accueil de jour, géré à l’époque par l’association La Source, avait fermé ses portes, faute de financements suffisants, avant d’être repris dans l’urgence par la Croix-Rouge, début 2021. Une solution qui avait pu tenir bon an mal an jusqu’à une nouvelle fermeture, en mars 2022, à cause de la vétusté des locaux.
Plus récemment, la situation d’une poignée de sans-abri installés sous un pont en bordure d’Adour, puis devant le cimetière Saint-Pierre, a mis en lumière le manque d’hébergements et d’un lieu d’accueil de jour dans la sous-préfecture.
Portée par l’association Droit au logement (DAL), la voix des sans-abri se fait entendre depuis le début de l’année, au point de provoquer un débat plus politique en séance du Conseil municipal du 2 février, lorsque l’opposition municipale a interpellé le maire de Dax sur le sujet.
Sept jours sur sept.
La réaction de la préfecture, ce lundi 13 février, est à l’image de l’urgence évoquée par les associations locales : « À Dax, l’accueil en journée des personnes confrontées à des situations de grande précarité, souvent sans-abri, est porté par la Croix-Rouge française et financé par l’État. Le partenariat entre la Croix-Rouge française et le Secours catholique a été conclu pour leur proposer une solution d’accueil en journée à Dax, dans les locaux de cette dernière association, cours du Maréchal-Joffre. Sur place, une petite équipe de professionnels et de bénévoles du secteur social assurera l’accueil des publics concernés, du lundi au dimanche. Outre la création de lien social, cette équipe mettra en place des mesures pour répondre aux besoins essentiels du quotidien des personnes précaires (alimentation, hygiène, etc.), mais aussi pour faciliter l’accès à leurs droits en matière de soins ou de prestations sociales », peut-on lire dans le communiqué de la préfecture. Le Centre hospitalier de Dax intervient notamment dans ces locaux.
Ghislain Maratier, nouveau directeur de l’antenne locale de la Croix-Rouge, avait fait de la réouverture d’un accueil de jour une priorité, depuis janvier : « Mes prédécesseurs cherchaient une solution depuis mars 2022. Au vu de la tension sur le territoire, ça n’a pas été simple de conjuguer tous les éléments pour capter des locaux : il fallait à la fois un espace d’accueil et un petit extérieur pour le public en possession de chiens. » Un local a été trouvé avec le Secours catholique, qui ouvrait déjà sur des demi-journées, faute d’un nombre suffisant de bénévoles : « On a fait ce qu’on a pu jusqu’ici, et on voit d’un bon œil la mutualisation avec la Croix-Rouge », explique Christiane Loliva, la référente bénévole de l’association.
Solution « temporaire ».
Il s’agit d’une solution « temporaire », puisque l’aménagement de nouveaux locaux dédiés est en cours, dans le quartier du Sablar : « Cet accueil de jour temporaire fonctionnera grâce au soutien de l’État et au partenariat noué avec l’ensemble des acteurs. Il restera actif le temps nécessaire pour ouvrir de nouveaux locaux », précise la préfecture. Selon Ghislain Maratier, il est encore trop tôt pour avancer une date de livraison du chantier, et les locaux du cours du Maréchal-Joffre seront probablement utilisés plusieurs mois.
Quant à la problématique du logement d’urgence, l’accueil de jour doit aussi permettre d’orienter le public vers des travailleurs sociaux et d’autres partenaires. « Ici, on est dans une logique de lien social et de repérage pour orienter et débloquer éventuellement des situations. L’hébergement d’urgence n’est pas notre objet, mais l’accueil de jour doit aussi permettre la mise en place d’un accompagnement social, de les aider dans les démarches », précise Ghislain Maratier.
— Arnauld Bernard - sudouest.fr
Communiqué du DAL Dax (18 février) :
C’est par les médias que nous avons appris la réouverture d’un accueil de jour, dans les locaux et en partenariat avec le Secours Catholique de Dax, nous en déduisons que la Préfecture des Landes ne considère pas l’association Droit Au Logement comme un acteur intervenant auprès des plus démunis pour leur porter assistance.
Cette alternative aurait pu être mise en œuvre depuis des mois pour palier à l’absence de ce dispositif décrit comme « indispensable » dans la circulaire ministérielle du 17 oct. 2020 : « Les accueil de jour constituent avec les maraudes les deux dispositifs essentiels d’aller-vers. Ils devront être renforcés dès à présent ainsi que les haltes et accueils de nuit. »
L’accueil de jour, oui mais après ?
Nous prenons acte de cette solution dans l’attente d’un aménagement pérenne de l’accueil de jour dans le quartier du Sablar en rappelant, encore une fois, les objectifs fixés par le Plan Départemental d’Accueil, d’Hébergement et d’Insertion des Landes depuis 2010 : « ... le besoin d’un tel accueil, s’il est vital en période hivernale, reste absolument nécessaire tout au long de l’année... /...est affirmée par tous, collectivités locales, services de l’État, partenaires caritatifs, sociaux... »
Qui fait quoi ? À quand la tenue d’une table ronde ?
Pour autant, de nombreuses interrogations subsistent, notamment sur le nombre et la mission des salariés puisqu’on lit dans l’article du journal Sud-Ouest : « l’hébergement d’urgence n’est pas l’objet » tout en « permettant la mise en place d’un accompagnement social » !!! Il reste donc encore beaucoup à faire sur l’agglomération afin d’être en conformité avec l’exigence « d’accueil inconditionnel de toute personne à la rue » prescrit par la loi Molle votée depuis 2009. Cela ne saurait se faire sans plus de cohésion...
Nous demandons depuis le début de notre mobilisation, le 1er janvier, de réunir tous les acteurs impliqués dans l’urgence sociale, dont le DAL.
Le « logement d’abord » :
- doctrine de tous les gouvernements successifs depuis 2009.
Le « tour de rue » (maraude) qui a débuté, depuis un mois, à l’instigation de la Société Saint Vincent de Paul avec la participation de bénévoles du DAL a permis d’identifier quelques-unes des personnes exclues du dispositif de l’hébergement du grand Dax.
La Loi DALO a institué le droit au logement opposable en 2008, or, la plupart des personnes rencontrées sont
domiciliées au CCAS et en demande de logement. Toutes ces personnes rentrent dans les critères pour saisir la commission départementale DALO afin d’être reconnues prioritaire pour l’attribution d’un logement ou, à minima, une « solution d’hébergement adaptée à leur situation ». En 2012, le Conseil d’État a reconnu que le droit à l’hébergement d’urgence est une liberté fondamentale.
Nous attendons le relogement des sans abri qui en ont fait la demande, comme ce fût le cas en 2008. On ne le dira jamais assez : un toit c’est un Droit !
— Emmanuel Klein - Porte-parole Droit au Logement.