31 octobre 2010
L’histoire du Droit au Logement (DAL)
Le DAL, 20 ans de lutte pour le logement.
L’association du Droit au logement fête ses vingt ans ce dimanche alors que débute la trêve hivernale.
Le 1er septembre 1986, le Premier ministre Jacques Chirac fait voter la suppression de la loi de 1948 permettant aux personnes défavorisées de se loger à bon prix dans les grandes agglomération. Cette décision entraîne de nombreuses protestations dans les milieux populaires.
Dans ce contexte de crise, l’expulsion en mai 1990 de 48 ménages de deux immeubles du XX arrondissement de Paris mobilise les foules. Mal-logés, militants et associations œuvrent pour ces familles qui vivent, quatre mois durant, dans des tentes, place de La Réunion. Deux soixante-huitards, Jean-Claude Amara et Jean-Baptiste Eyraud, s’imposent alors comme les leaders du mouvement.
En octobre 1990, l’association du Droit au logement (DAL) est née.
Les amis du DAL.
Multipliant les opérations coup de poing - réquisitions d’immeubles, création de squats - le DAL capte l’attention des médias et des hommes politiques (Vert, PS, PC). De nombreuses personnalités comme Guy Bedos, Claude Nougaro, Lambert Wilson ou encore Carole Bouquet joignent la cause de l’association. Dans les situations les plus délicates, c’est l’Abbé Pierre, le compagnon de route le plus fidèle du DAL, qui jouait l’intermédiaire avec les forces de l’ordre.
Le DAL est proche d’autres associations qui militent pour la même cause :
Les Enfants de Don Quichotte et Jeudi Noir notamment. Jean-Baptiste Eyraud, président du DAL, réagissant à l’expulsion du collectif Jeudi Noir d’un hôtel particulier parisien, explique : « C’est inadmissible de mettre à la rue des squatteurs à quelques jours seulement de la trêve hivernale. » Pour manifester son soutien aux squatteurs, sa fédération participera à la mobilisation du 8 novembre.
Des avancées juridiques insatisfaisantes.
A la fin des années 90, plusieurs lois en faveur du logement sont adoptées. Celle du 29 juillet 1998 qui interdit les expulsions locatives sans autorisation du préfet et celle de décembre 2000, dite loi Solidarité et renouvellement urbains (SRU) qui oblige chaque ville française à disposer de 20% de logements sociaux.
« Sans ces quotas de logements sociaux, les personnes défavorisées n’ont pas les moyens de s’installer dans les grandes villes et restent parquées à leur périphérie, déplore Jean-Baptiste Eyraud. C’est beaucoup trop cher pour les personnes défavorisées de s’installer dans les grandes villes surtout quand celles-ci ne respectent pas le quota de logements sociaux », explique Jean-Baptiste Eyraud, président du DAL.
En 2007, une autre loi, dite loi DALO, stipule que les HLM sont réservés aux plus démunis. « C’est une avancée, mais pas une fin en soi, nuance le président du DAL pour qui l’application de la loi est insatisfaisante. On s’est aperçu que des personnes issues de milieux favorisés vivent aussi dans les HLM et pénalisent donc des ménages qui ne peuvent pas se loger ailleurs. » Mais Jean-Baptiste Eyraud reconnaît toutefois que la mixité sociale peut être "positive".
Si la situation du logement en France demeure imparfaite, le président du DAL reste optimiste. « Je reste convaincu qu’à force de mobilisations, la crise du logement actuelle peut trouver une issue favorable pour tous d’ici quelques années. »
— Claudia Choquet : lexpress.fr