9 janvier 2023
L’hiver, l’absence d’accueil de jour rend la vie plus dure pour les sans-abri
Depuis mars 2022, l’accueil de jour assuré par la Croix-Rouge est fermé, faute de local. Durant cette période hivernale, les personnes sans-abri ou en grande précarité affrontent encore plus la dureté de la rue.
Sous le pont des Arènes, un petit campement est sorti de terre depuis le 31 décembre. L’édifice de pierre fait office de toit pour les quelques tentes installées. Un maigre feu réchauffe les âmes présentes en ce jeudi 5 janvier. Parmi elles, Didier Pargade, alias « L’ami des sans-abri », se mobilise pour la réouverture d’un accueil de jour pour venir en aide aux personnes en grande précarité dans la cité thermale.
Nicolas, ancien bénéficiaire, explique la nécessité de cet accompagnement. « Ce lieu était idéal pour se retrouver. Boire un café. Faire des machines. Mais aussi être accompagné grâce à des permanences administratives et médicales. » Lui et sa compagne Manon vivent dans la rue depuis plusieurs années, aux côtés de leurs deux chiens. « L’accueil de jour était primordial pour nous. Il nous permettait de recharger nos batteries, de s’évader », souligne-t-elle. Le couple demeure dans l’attente d’un logement. Sans accueil de jour, la maraude organisée une fois par semaine par la Croix-Rouge leur permet tout juste « de survivre ».
Le dispositif d’accueil de jour a pris fin au mois de mars 2022. Contactée, la Croix-Rouge indique avoir été dans l’obligation de « rendre le local qui n’était plus aux normes » et « être en contact avec la municipalité de Dax » pour en trouver un nouveau. L’association avait reçu un financement de 9 150 euros par la préfecture des Landes, compétente en la matière, à la fin de l’année 2021 pour « l’activité de domiciliation de personnes sans domicile fixe ».
L’enfer de la rue.
Wilhelm, béret gascon sur la tête, a rejoint ce mouvement lancé par l’antenne locale de l’association Droit au logement (DAL), avec l’espoir de résoudre ce problème. « Ces gens sont plongés dans une précarité jamais vue. Les conditions de vies sont inhumaines. La rue est un enfer. Elle tue. Il faut arrêter de les pourchasser. » Le jeune homme, longiligne, s’active pour préparer la garbure qui sera servie dans la soirée.
Le collectif regrette « une régression de quinze ans » sur cette thématique. La commune de Dax avait en effet ouvert en 2011 un accueil de jour tout au long de l’année qui « aurait pu servir de référence à l’échelle nationale », explique Emmanuel Klein, porte-parole de DAL Dax. Il dénonce la gestion de Julien Dubois, maire de la cité thermale, « qui méconnaît totalement le sujet et a entrepris de faire la guerre aux sans-abri ».
L’édile tient à rappeler que la Ville de Dax « n’est pas compétente légalement pour exercer cette compétence ». En ce qui concerne la mise à disposition d’un lieu, la municipalité fait face « à une pénurie de locaux ». Didier Pargade regrette que toutes les institutions « se renvoient la balle ». Il demande l’application de la loi DALO (Droit au logement opposable) ainsi que de la loi Molle (Mobilisation pour le logement et de lutte contre l’exclusion). « C’est un combat juridique que l’on mène. D’autant qu’avec l’inflation qui touche notre pays, encore plus de gens vont se retrouver à la rue. Et la loi Bergé-Kasbarian va venir accélérer les expulsions. »
— Nicolas Azam - sudouest.fr
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