3 novembre 2010
Les combats du DAL
Vingt ans après la création de l’association, son porte-parole landais, Emmanuel Klein, fait le point.
L’association Droit au logement (DAL) a été créée en 1990 par des familles mal logées ou sans logis et des militants de quartier. Réunis en campement dans le 20e arrondissement de Paris, les ménages avaient été expulsés de deux immeubles squattés. L’action avait conduit au relogement de 48 familles. Vingt ans après, le porte-parole du comité de Dax (40), Emmanuel Klein, fait le point.
Les images de l’époque qui m’ont le plus marqué sont celles de l’abbé Pierre investissant l’immeuble de la rue du Dragon afin d’y loger des sans-logis. Personnellement, j’ai commencé à agir sur Dax en ouvrant il y a cinq ans la Maison du garde-barrière avec le soutien du DAL. Ensuite il y a eu le mouvement des Don Quichotte et nous avons sauté sur l’occasion pour reproduire le modèle localement rue Neuve. Puis nous avons lancé un comité de relogement parce que le côté Don Quichotte, Augustin Legrand, ne correspondait pas à notre fonctionnement.
À Paris, ils arrivent à reloger des gens qui sont dans la volonté d’avoir un logement.
À Dax, c’est différent. Nous nous sommes distingués au sein du DAL par des mobilisations sur les sans-abri avec une demande de point d’accueil de jour. J’ai rencontré deux fois le secrétaire d’État M. Apparu pour amener cette thématique-là, qui peut paraître un peu paradoxale, mais qui correspond à un besoin local.
À Paris, des milliers de relogements avec accompagnement ont été obtenus.
De notre côté, le campement de l’été dernier a permis aussi de belles avancées dans ce domaine. Le hic, c’est que nous piétinons toujours sur le point d’accueil de jour. Dans l’ensemble, au niveau national, les promesses ne sont pas tenues depuis trois ans. On a fait beaucoup de remue-ménage, on va reparler des sans-abri pour l’hiver, mais il faudrait se soucier du problème toute l’année. C’est pour cela qu’à Dax nous avions créé un campement l’été, période très difficile pour les SDF.
Après les Don Quichotte, la loi DALO (Droit au logement opposable) est passée dans la foulée, avec l’article 4 qui prévoyait l’accueil et la continuité dans la prise en charge. Là-dessus est arrivée la loi Boutin, qui a ramené la loi DALO au minimum, accéléré les procédures d’expulsion et contribué à diriger le logement social vers le privé. À la demande de M. Apparu, nous avons transmis aux préfectures les besoins. En ce qui nous concerne, l’accueil de jour à l’année à Dax et l’hébergement de nuit à Mont-de-Marsan sont des demandes non satisfaites.
C’est un répit, un acquis de l’abbé Pierre.
Ce n’est pas une loi, mais une pratique. Le problème, c’est qu’elle est actuellement attaquée par le gouvernement. M. Hortefeux a fait passer une loi pour les occupations illicites qui, au départ, ne devait pas concerner que les squats de Roms mais qui devait rendre expulsables tous les habitants sans droit ni titre.
Nous, on demande qu’il n’y ait pas d’expulsion sans relogement. Là encore, nous attendons toujours.
— David Le déodic - sudouest.fr